Ferrari 612 Scaglietti

Une Ferrari pour quatre

© Classic & Sports Car / John Bradshaw

Tout en s’inspirant du passé, la 612 Scaglietti a ouvert la voie à une nouvelle race de Ferrari 4-places.

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Il y a longtemps que j’ai perdu tout intérêt pour les Ferrari neuves, si bien que la gamme actuelle m’est complètement étrangère. Un rapide survol des modèles 2021 ne m’a guère surpris : les Ferrari V8 à moteur central ont l’air d’avoir été dessinées par (et pour) des enfants, et les V12 à moteur avant, bien que parfois presque belles, sont tout simplement trop grosses.

La nouvelle Roma apporte une touche d’espoir ; de longue date, c’est la première Ferrari moderne qui ne me fait pas grimacer. Elle est tellement différente de ses sœurs que l’on a dû reconnaître tacitement, à Maranello, que le style de la maison s’était trop nettement et depuis trop longtemps tourné vers les goûts immatures de marchés émergeants auparavant inexploités.

Pourtant, Ferrari n’a jamais abandonné ses clients « traditionnels ». Dans les années 90 il y a eu la 456, que j’ai toujours trouvée esthétiquement très réussie. Plus tard sont apparues la curieuse FF « Breadvan » et sa remplaçante la GTC4 Lusso, toutes deux à moteur V12 avant, avec une image plus adulte ; des Ferrari que vous pouviez sortir du garage sans que les passants pensent que vous étiez une star du football. Entre les deux a été lancée la 612 Scaglietti, produite à 3 025 exemplaires entre 2004 et 2011.

Comme son nom l’indique, la carrosserie de la 612 a été réalisée par le célèbre carrossier, dans un nouvel atelier de Modène, avec un assemblage final à l’usine de Maranello. Chaque exemplaire nécessitait un mois de travail, donc Ferrari ne les sortait pas au rythme des Mégane.

Le dessin était de Pininfarina, et plus précisément de Ken Okuyama, le Japonais trilingue qui a rejoint en 2004 la légendaire signature comme directeur de création. Il avait déjà participé à la conception de certaines Ferrari comme l’Enzo et la 456 M, et peut à juste titre être qualifié de designer industriel plutôt que de « simple » styliste : depuis qu’il a pris en 2006 son indépendance, son CV inclut des trains, des fauteuils de massage et même une gamme de lunettes.

Ferrari a précisé dès le départ que Okuyama avait créé la 612 en hommage à la très belle 375 MM des années 50 de Roberto Rossellini, avec ses flancs creusés. Mais c’était une stricte deux places alors que la 612 est une généreuse 2+2 affichant un Cx de 0,34, grâce à 3 500 heures d’études en soufflerie.

Elle était évidemment équipée d’un V12. Ce moteur Tipo F133, 5 748 cm3 à carter sec, était très proche des V12 des 456 M et 575 M Maranello, avec des cylindres au Nikasil, quatre ACT et des poussoirs hydrauliques. En d’autres termes, un moteur qui avait remplacé l’indétrônable V12 Colombo, présent chez Ferrari jusqu’à la 412 des années 80.

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