Graham Hill

Triple Couronne

La Triple Couronne de Graham Hill (victoires au Mans, Indianapolis et Monaco) reste sans équivalent. Pour ses 50 ans, nous revenons sur la carrière du pilote.

Acheter ce numéro

Sur la piste ou devant les caméras, Norman Graham Hill était sans égal. Son père n’a jamais conduit, mais dans les années 60 Hill s’est donné à fond au volant autant que pour se faire connaître. Avec sa fine moustache, ses cheveux gominés et son sourire de music-hall, il a été la première célébrité automobile et reste le seul pilote ayant remporté la très enviée Triple Couronne.

Être le premier à gagner le Grand Prix de Monaco, les 500 Miles d’Indianapolis et les 24 Heures du Mans la même saison était en 1972 une motivation forte pour le pilote de 43 ans. Toutefois, quand Matra a sélectionné ses pilotes, son jeune coéquipier Henri Pescarolo n’était pas très heureux de faire équipe avec le vétéran. Mais Gérard « Jabby » Crombac, célèbre journaliste de Sport Auto et vieil ami de Graham Hill dont il avait organisé la première participation au Mans en 1957, a rassuré Pescarolo à propos de sa motivation, malgré son absence du Mans pendant six ans.

Comme toujours, Hill s’est amusé de cette tension et a joué au vieillard lors des premiers essais de la MS670, entrant dans les stands du Paul Ricard courbé et traînant les pieds. Pescarolo en a ri jaune mais dès que le pilote anglais s’est mis au volant de la Matra V12, il a prouvé sa détermination avec quelques chronos compétitifs.

Au Mans, l’équipe Matra était favorite et François Cevert (qui faisait équipe avec Howden Ganley) a signé le meilleur temps aux essais, devant Pescarolo et le tandem Chris Amon/Jean-Pierre Beltoise, troisième. Les Alfa, principales rivales, n’ont tenu que trois heures et dans la soirée les regards se sont portés vers la bataille entre les deux Matra de tête. Dans la nuit pluvieuse, malgré les instructions du patron d’écurie, Hill et Ganley ont continué à s’affronter dans des conditions périlleuses. L’implication de Hill a impressionné les spectateurs et, le matin, sa décision de passer des pneus slick aux intermédiaires s’est révélée décisive. Malgré les panneaux « ralentir », Hill a continué au même rythme : rien ne pouvait le priver de sa victoire, pour sa dixième tentative.

Par la suite, Hill a affirmé qu’il ne voyait pas les panneaux à cause du mauvais temps, mais l’équipe française savait que son pilotage courageux avait ce jour-là une résonnance particulière. Heureusement, la nouvelle du décès de son ami Jo Bonnier avec sa Lola au virage d’Indianapolis ne l’a pas atteint au volant, mais il a dû frémir d’inquiétude en passant devant la scène du drame.

Quatre heures avant l’arrivé Ganley a eu un accrochage avec une voiture plus lente, laissant le champ libre à Hill et Pescarolo. C’était la première victoire d’une voiture française depuis 1950, et la fête au restaurant Genissel, sur la ligne droite de Hunaudières, a été à la hauteur de la victoire. Hill l’a célébrée avec le même enthousiasme que les autres, sa façon de faire face à la perte tragique du pilote suédois.

[…]

Acheter ce numéro