Bitter SC – Jaguar XJ-S 3.6 – BMW 635 CSi

Question de goût

© Classic & Sports Car / John Bradshaw

Ces coupés 6-cylindres ont tous de la classe, mais le Bitter de faible diffusion peut-il se mesurer aux BMW 635 CSi et Jaguar XJ-S de beaucoup plus grande série ?

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Un coupé est un achat purement émotionnel dans lequel des concepts un peu nébuleux tels que rareté, snobisme et image prennent le pas sur toute considération pratique. En faisant passer l’habitabilité après l’attrait visuel, un coupé flatte notre ego à un point que les acheteurs ne sont pas prêts de reconnaître.

Un beau coupé à la ligne virile fait passer le message subliminal que son propriétaire a abandonné le monde réfléchi des berlines monotones (et des corvées qui leur sont associées) pour un véhicule qui fait passer le style avant la fonction, le plaisir avant le devoir. Deux longues portes et un toit effilé font de vous quelqu’un de plus riche et de plus sexy. Même si « l’homme au coupé » n’entend pas de jolie fille se pâmer en le voyant passer, au moins pense-t-il que c’est possible — et c’est tout ce qui importe.

Pour les constructeurs, un coupé représente un habile tour de passe-passe car ils en donnent moins pour plus cher : moins d’espace, de visibilité (en général) et d’acier. Bien sûr vous pouvez toujours penser que votre élégant coupé est plus rapide et agile que la berline dont il est issu, mais rien n’est moins sûr ; potentiellement plus sujets à la rouille, de nombreux coupés classiques se sont révélés être des cousins dégénérés et moins raffinés du modèle de grande diffusion qui leur avait donné naissance.

Peut-être suis-je particulièrement sévère car j’ai toujours été un fanatique absolu des versions deux portes d’à peu près n’importe quoi, depuis les modèles surchargés et surfaits à base de Granada Ghia/Toyota Crown jusqu’aux machines racées et chères qui, au sommet de leur puissance, étaient les reines de la route.

Mais parlons de la Jaguar XJ-S et de la BMW Série 6. Lancées au milieu des années 70, elles se sont opposées pendant 13 ans, avec pour mission de remplacer leurs devancières charismatiques mais dépassées. Avec son dessin de Paul Bracq, la 630/633 CSi était exactement le genre de coupé net et efficace que les acheteurs attendaient du constructeur bavarois. Elle s’est vendue en abondance, surtout après le lancement en 1978 de la 635 CSi, dotée d’une version 3 453 (puis 3 430) cm3 du 6-cylindres incliné dont les 215 ch emmenaient la voiture à 225 km/h. Les carrosseries étaient fabriquées par Karmann jusqu’à ce que BMW constate qu’ils souffraient d’un réputation de rouille pas très éloignée de celle des coupés E9, des stars en la matière. Les soubassements provenaient de la berline E12 Série 5 et, après 1982, de la E28, avec une suspension reprenant la tradition BMW des bras tirés à l’arrière et jambes MacPherson à l’avant.

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