Mercedes 300B – Bentley S1

Concurrence pacifique

© Classic & Sports Car / Max Edleston

Apparues quelques années après la guerre, ces deux voitures statutaires empruntaient deux voies distinctes pour explorer le monde du luxe.

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Être capable de lancer la production en série d’une toute nouvelle voiture de luxe dès 1951 (six ans après la fin de la guerre) me laisse penser que Daimler-Benz n’était pas aussi dévasté par les bombardements de la RAF qu’on avait pu le croire en 1945. Wilhelm Haspel, président fraîchement réhabilité par les autorités américaines, a vu la nouvelle 300 W186 comme un produit d’exportation et « une voiture permettant de redorer le blason de Mercedes ». L’importance commerciale de modèles courants comme les 170 et 220 était reconnue, mais le lancement d’un haut de gamme comme la 300, première Mercedes entièrement nouvelle d’après-guerre, était considéré comme déterminant pour « moraliser » l’image de la marque.

L’ingénieur en chef Fritz Nallinger avait été nommé Wehrwirtschaftsführer (un directeur au statut quasi-militaire) en 1940 par Albert Speer, ce qui créait une situation inconfortable. Ainsi, cet ingénieur talentueux a été pris après 1945 dans les rivalités entre les Alliés qui se sont disputés le meilleur de la technologie allemande et de ses cerveaux.

A cette époque, de nombreux ingénieurs de premier plan ont été envoyés en vacances forcées. Nallinger, père du moteur diesel à régime élevé, a eu la chance de passer deux années relativement confortables en France, à la tête d’un bureau d’étude d’un turbo-jet. Quand le projet a été annulé en 1948, il a été autorisé à revenir chez Mercedes où il a repris sa place au conseil d’administration et a commencé à réfléchir à la nouvelle 300.

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